La question des empires, royaumes et autres dynasties

Beaucoup de romans de fantasy aujourd’hui nous présentent au moins un royaume ou un empire. Comme la plupart de nos univers se basent sur l’époque médiévale, un tel choix me paraît tout à fait logique, mais certains auteurs oublient ce que le fait de vivre dans un empire ou un royaume implique. Oui, nous allons encore parler de politique, mais puisque ce sera mêlé avec de l’histoire, ça ne devrait pas vous endormir ! Sans plus attendre, je vais donc vous lister quelques points qu’il faut bien avoir en tête quand on décide de mettre en place ce genre de régime politique dans son univers. Nous allons surtout nous concentrer sur les empires, mais n’oubliez pas que ce que je dis peut s’appliquer, parfois dans une moindre mesure, aux royaumes également !

Naissance et relations d’un empire

Même si vous ne comptez pas le mentionner dans votre récit, il peut être pertinent de réfléchir à la naissance de votre royaume ou empire : la plupart apparaissent des suites d’une succession (un enfant reçoit un royaume par son père et un autre par sa mère et décide de les diriger tous les deux) ou d’une guerre de conquête. Ces deux types de naissance peuvent conduire les dirigeants à se comporter d’une manière ou d’une autre avec les puissances extérieures, alliées ou ennemies.

Les empires sont souvent en guerre active ou froide les uns contre les autres, dans l’espoir de s’étendre et de mettre la main sur des terres précieuses (fertiles ou riches en minéraux nobles la plupart du temps). Cependant, une puissance qui a une histoire pacifique prédominante se montrera plus adepte des stratégies de communication et de commerce pour maintenir cette paix, à moins qu’un terrible affront (l’assassinat d’un dignitaire, voire d’un membre de la famille royale) ne pousse le pouvoir concerné à désirer la guerre.

Après tout, la guerre est une entreprise très coûteuse, qui souvent rapporte peu aux pays engagés. À moins d’avoir une politique expansionniste ou quelque chose à gagner d’une guerre (ainsi qu’une victoire assurée, même si les pronostics peuvent se tromper) un État évitera de régler ses conflits dans le sang. Bien sûr, les sanctions économiques, par exemple, ne sont pas efficaces dans un monde de fantasy médiévale, mais il y a d’autres moyens que la guerre pour rendre les coups à un adversaire politique : assassins, espions, prises d’otages…

Quand vous construisez un univers, prenez vraiment le temps de penser à toutes ces choses.Listez toutes vos puissances et déterminez leurs relations entre elles, sans en oublier, et en appuyant lesdites relations sur des raisons solides et variées. Quelque chose d’aussi stupide que le prince de royaume A trompant son épouse native de royaume B avec une noble de royaume C suffira à créer de la tension.

Politique d’expansion et de gestion

Cette partie vaut particulièrement pour les empires. La plupart du temps, les Empires sont un ensemble d’États sous la domination d’un empereur. Il y a donc plusieurs choses à déterminer quand vous décidez d’établir une telle puissance : tout d’abord, demandez-vous quelles terres sous sous la houlette de votre empereur. A-t-il conquis des terres vierges ou habitées ? Peut-être la famille régnante a-t-elle hérité de nouvelles régions générations après générations ? Il est même possibles que de plus menues surfaces, comme des provinces, aient été achetées ou rendues vassales en échange de protection.

Ensuite, il faudra vous demander à quel stade de son développement se trouve votre empire. Si la courbe devait être simple, ce serait une courbe croissante et décroissante : d’abord la puissance naît et s’étend tant en terres qu’en puissance, jusqu’à atteindre son apogée, avant de commencer à faiblir. Bien sûr, la courbe peut ne pas être aussi linéaire, c’est à vous de le déterminer. Toujours est-il que vous devrez placer le fameux empire contemporain à votre récit quelque part sur cette courbe, et que votre choix aura des conséquences sur le niveau de vie, les inégalités, la justice, et cetera.

Enfin, il vous faudra déterminer la politique de gestion mise en place par le pouvoir suprême quand il s’agit d’administrer les instances de pouvoir inférieures. L’empereur a-t-il son mot à dire dans les affaires des États sous sa coupe ou les laisse-t-il diriger comme ils l’entendent à la condition qu’ils respectent sa loi et son autorité supérieure ? Cette question est intéressante également dans le cas des royaumes coloniaux et royaumes fédéraux, même si ce régime particulier semblerait plutôt pertinent pour de la fantasy un peu plus moderne.

Symboles et détenteurs du pouvoir

Deux détails souvent oubliés en fantasy ont un rapport avec la relation au pouvoir. Tout d’abord, nous allons parler des symboles du pouvoir : il est très rare que ceux-ci se limitent à une simple couronne. En Belgique, par exemple, la monarchie est représentée par le drapeau, un blason, une couronne, un hymne et des fêtes officielles. En France, la monarchie était représentée par la fleur de lys, une couronne, un sceptre, la main de justice, une épée et des éperons en or. Cherchez parmi les monarchies présentes ou passées pour trouver des idées qui colleront à votre famille royale ou impériale !

Par ailleurs, même dans un État totalitaire, il est rare que le pouvoir ne soit en réalité incarné que par une seule personne. Il y a tout simplement trop de choses à faire, même en ce qui concerne les affaires courantes du pouvoir, pour qu’une seule personne puisse s’occuper de tout. Un dirigeant s’entourera toujours de ministres, ou peu importe leur nom, à qui il déléguera certaines tâches trop fastidieuses pour lui ou de moindre importance, en exerçant par lui-même d’autres aspects du pouvoir. Le choix en la matière dépendra de l’image qu’il veut renvoyer : justice pour un monarque qui se veut bon, arts de la guerre pour un chef belliqueux, et cetera.

Quand vous concevez une puissance, surtout si l’action s’y déroule, il me semble important de déterminer qui dispose du pouvoir en-dehors du chef de la nation. Qui sait, vous pourrez peut-être même faire intervenir certaines figures importantes du pays au fil des aventures de vos personnages, pour les aider ou leur mettre des bâtons dans les roues ?

Comment les empires tombent

Si vous vous trouvez sur la partie descendante de la courbe que nous avons mentionnée plus tôt concernant la vie de votre empire, il est sans doute déjà en train de tomber même si tout n’est pas encore terminé. Si l’histoire nous a montré une chose concernant les empires, c’est qu’ils sont particulièrement complexes à abattre et s’effondrent rarement tout d’un coup. L’exemple le plus connu est sans doute celui de l’empire romain : comme nous l’avons tous appris à l’école, il est tombé en deux temps, d’abord l’Occident puis l’Orient.

Même dans un royaume, ce genre de chute morcelée est envisageable, en particulier si le pouvoir est éparpillé (et que le chef d’État ou son successeur parvient à fuir le premier lieu de défaite) et si le pays couvrait jusqu’alors un vaste territoire. Bien sûr, il est aussi tout à fait possible qu’un coup d’État remplace simplement le chef par un autre, mais dans le cas d’un empire, les provinces les plus éloignées de la capitale vont sans doute se révolter et clamer leur indépendance, surtout si elles avaient été conquises par la force dans le passé.

Par ailleurs, même si votre action ne se déroule pas dans un empire mais qu’une telle puissance s’est tenue dans la région par le passé, cela laissera des traces, tout comme nous côtoyons des traces de l’empire romain en Europe Occidentale tous les jours sans même nous en rendre compte. Penser à cela au moment de bâtir votre univers ne lui donnera que plus de profondeur, même si vous n’expliquez jamais cette histoire dans les moindres détails – car il faut savoir doser le world-building dans un roman.

Le rapport à la royauté

J’aimerais conclure cet article déjà bien long en vous invitant à vous pencher sur le rapport à la royauté – ou à tout autre type de représentant du pouvoir – dans votre histoire. Comment vos héros voient-ils le pouvoir en place ? Sont-ils heureux du travail des dirigeants ou rêvent-ils de les voir tomber de leurs trônes ? Comment ces opinions se comparent-elles à celles du reste de la population ?

Attention ici à ne pas tomber dans le cliché du héros qui seul voit les travers du pouvoir. Cela a été fait maintes fois, souvent d’une manière peu subtile. Pour un rendu plus réaliste, n’hésitez pas à regarder ce qui se fait dans notre monde. Par exemple, si votre pouvoir est extrêmement totalitaire avec un chef très aimé de la population, renseignez-vous sur le rapport entre les habitants de Corée du Nord et leur chef d’État.

Voilà, c’est tout ce que j’avais à dire sur la question des royaumes, empires et autres dynasties ! Bon, je l’avoue, nous avons un peu laissé de côté les dynasties vu la longueur de cet article dans l’état mais, pas d’inquiétude, je compte revenir sur le sujet dans un autre article !

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